Née le 24 mai 1971 à Châtenay-Malabry, Delphine Bonnet grandit dans une banlieue tranquille de la région parisienne. Elle se sent différente et exprime déjà sa farouche indépendance. Elle s’isole et elle dessine sans relâche les œuvres publiées dans une revue mensuelle de vulgarisation sur la peinture : un numéro, un peintre… Semi-urbaine mais déjà sauvage. Elle n’est pas une enfant rebelle, son combat à elle est intérieur. Sa scolarité est sans histoire ; elle s’y ennuie seulement.
En 1989 elle s’échappe pour un an aux États-Unis pour apprendre la langue, découvrir autre chose, vivre l’ailleurs. Las, le Nouveau monde ne lui offre pas l’évasion qu’elle espérait.
En 1991, Delphine a 20 ans. Elle fréquente le New Moon, « le QG du rock alternatif ». Elle se met au fond de la salle et se fond dans la musique, comme auparavant dans le dessin, de manière solitaire, hypnotique et absolue, en un don sans concession qui caractérise depuis toujours sa façon d’être.
En 1991 également, elle rencontre Neil Gittings (1957-2014) et devient sa compagne, l’Amérique toujours. Ce nouveau continent sera plus prolifique… Neil est un artiste protéiforme et talentueux, il vit la « vie de bohème » comme les Américains l’envisagent ou la fantasment. Il n’a pas vraiment de toit, pas d’argent, pas de papiers. Il vit un idéal absolu pour l’Art, sans aucune compromission possible. Son art prend tant de place que pour la première fois, Delphine arrête de dessiner. Elle a d’autres domaines à investir, elle observe, elle contribue, elle admire, elle s’épuise aussi… Elle expérimente la précarité, le froid mais aussi les étoiles, la liberté totale et son prix. Elle se lance dans un projet de court-métrage d’animation, L’Humaine nature, qu’elle co-réalise et co-anime avec Neil. C’est à cette occasion qu’elle sculpte pour la première fois. Des personnages de plastiline qui prennent vie. Modelage et image… elle ne les quittera pas de sitôt même si elle ne le sait pas encore.
En 2001, elle tourne une page, ressent de besoin de reprendre sa respiration un instant. Elle se forme au montage audiovisuel, trouve du travail. Elle revient à la vie « normale » : un travail, un toit, un peu de sécurité. Elle s’adonne au violoncelle, apprend le russe, voyage. Et c’est en Inde qu’elle se pose un instant, tisse des liens, regarde encore. Entre le rien et le trop, où trouver sa place, celle qui apaise sa recherche exigeante de sens ?
En 2007-2008, Delphine commence la céramique. Elle suit la formation d’Augusto Tozzola et passe son CAP de tournage en céramique (2008). Elle poursuit avec des stages de céramique : tournage, porcelaine, émail notamment avec Christophe Bonnard (2007-2008) et Helena Klug (2008-2009). Puis elle s’installe au Perreux-sur-Marne où elle reprend un atelier de poterie avec une clientèle d’élèves (2010-2016).
En 2008, elle est déjà devenue la « Femme à qui la terre parle » et elle commence à entendre. Sans aucune formation en sculpture, elle crée son Homme crapaud. Depuis, elle se consacre de plus en plus à la sculpture, avec un fil conducteur, l’exploration de ce qu’il y a, là, caché dans les entrailles de la terre :
Organiques (série commencée en 2014), Les mondes intérieurs (série commencée en 2014), Les armures (série commencée en 2015), Les hommes pierre et Les totems (séries commencées en 2016), Microspace (série commencée en 2017), Cosmogonie (série de 2018-2019), Origines (2019), Dame nature (série commencée en 2019), Chimères (série commencée en 2019).
Elle vit et travaille aujourd’hui à Montreuil (93).
1 Jézéquel Laurent, « New Moon : comment un cabaret de Pigalle est devenu le QG du rock alternatif », Télérama, Sortir, 5 octobre 2015.
2 Court métrage, L’Humaine nature de Delphine Bonnet et Neil Gittings, 35mm, Les Productions Bagheera , 1997.
Camille-Frédérique BLIND
Historienne de l’art
En 1989 elle s’échappe pour un an aux États-Unis pour apprendre la langue, découvrir autre chose, vivre l’ailleurs. Las, le Nouveau monde ne lui offre pas l’évasion qu’elle espérait.
En 1991, Delphine a 20 ans. Elle fréquente le New Moon, « le QG du rock alternatif ». Elle se met au fond de la salle et se fond dans la musique, comme auparavant dans le dessin, de manière solitaire, hypnotique et absolue, en un don sans concession qui caractérise depuis toujours sa façon d’être.
En 1991 également, elle rencontre Neil Gittings (1957-2014) et devient sa compagne, l’Amérique toujours. Ce nouveau continent sera plus prolifique… Neil est un artiste protéiforme et talentueux, il vit la « vie de bohème » comme les Américains l’envisagent ou la fantasment. Il n’a pas vraiment de toit, pas d’argent, pas de papiers. Il vit un idéal absolu pour l’Art, sans aucune compromission possible. Son art prend tant de place que pour la première fois, Delphine arrête de dessiner. Elle a d’autres domaines à investir, elle observe, elle contribue, elle admire, elle s’épuise aussi… Elle expérimente la précarité, le froid mais aussi les étoiles, la liberté totale et son prix. Elle se lance dans un projet de court-métrage d’animation, L’Humaine nature, qu’elle co-réalise et co-anime avec Neil. C’est à cette occasion qu’elle sculpte pour la première fois. Des personnages de plastiline qui prennent vie. Modelage et image… elle ne les quittera pas de sitôt même si elle ne le sait pas encore.
En 2001, elle tourne une page, ressent de besoin de reprendre sa respiration un instant. Elle se forme au montage audiovisuel, trouve du travail. Elle revient à la vie « normale » : un travail, un toit, un peu de sécurité. Elle s’adonne au violoncelle, apprend le russe, voyage. Et c’est en Inde qu’elle se pose un instant, tisse des liens, regarde encore. Entre le rien et le trop, où trouver sa place, celle qui apaise sa recherche exigeante de sens ?
En 2007-2008, Delphine commence la céramique. Elle suit la formation d’Augusto Tozzola et passe son CAP de tournage en céramique (2008). Elle poursuit avec des stages de céramique : tournage, porcelaine, émail notamment avec Christophe Bonnard (2007-2008) et Helena Klug (2008-2009). Puis elle s’installe au Perreux-sur-Marne où elle reprend un atelier de poterie avec une clientèle d’élèves (2010-2016).
En 2008, elle est déjà devenue la « Femme à qui la terre parle » et elle commence à entendre. Sans aucune formation en sculpture, elle crée son Homme crapaud. Depuis, elle se consacre de plus en plus à la sculpture, avec un fil conducteur, l’exploration de ce qu’il y a, là, caché dans les entrailles de la terre :
Organiques (série commencée en 2014), Les mondes intérieurs (série commencée en 2014), Les armures (série commencée en 2015), Les hommes pierre et Les totems (séries commencées en 2016), Microspace (série commencée en 2017), Cosmogonie (série de 2018-2019), Origines (2019), Dame nature (série commencée en 2019), Chimères (série commencée en 2019).
Elle vit et travaille aujourd’hui à Montreuil (93).
1 Jézéquel Laurent, « New Moon : comment un cabaret de Pigalle est devenu le QG du rock alternatif », Télérama, Sortir, 5 octobre 2015.
2 Court métrage, L’Humaine nature de Delphine Bonnet et Neil Gittings, 35mm, Les Productions Bagheera , 1997.
Camille-Frédérique BLIND
Historienne de l’art